Calendrier du SIARP

Alerte donnée par le GDSAIF GDSAIF : alerte sécheresse pour les abeilles en mars 2023. Voir l'alerte

LA PROTECTION EFFICACE DES RUCHERS CONTRE LES FRELONS ASIATIQUES

AVEC DU MATÉRIEL SIMPLE

 

logo aavoProtections réalisées par Webinar CARI Bruxelles,
le 3 février 2023

Un groupe SIARP pourrait se constituer pour fabriquer, des Pièges Muselières Harpes électriques Autres : 

Les adhérents pourraient constituer un groupe d'apis bricoleurs pour monter un projet

Protection frelons asiatique réalisées par Webinar CARI

CONGRES EUROPEEN DE L’APICULTURE
QUIMPER du 20 au 23 Octobre 2022

LES METHODES DE LA LUTTE CONTRE LE FRELON ASIATIQUE

LE MARCHE DU MIEL FRANÇAIS DANS UN CONTEXTE MONDIAL

DANS LE CERVEAU DES ABEILLES MARTIN GIURFA, CRCA TOULUSE

TABLE RONDE SUR LES PESTICIDES

BOULEVERSEMENT CLIMATIQUE, BIODIVERSITE et APICULTURE

 

quimper 44141Quelques membres de l’équipe du SIARP

ont eu la chance de participer à ce beau rassemblement,c’est la raison pour laquelle nous voulions vous faire profiter de quelques conférences auxquelles nous avons assistéet qui nous ont énormément intéressées. Marie-Odile, notre Présidente, avait pour l’occasion revêtu sa casquette de « chauffeur »

et nous avons ainsi covoituré à cinq (Elisa sa fille, Elisabeth Faifer, Serge Moignard et moi-même Véronique Tabel) jusqu’à Quimper.

Nous y avons retrouvé Jacques Kempt, fidèle participant, qui y faisait notamment une conférence sur l’élevage des reines. Il y avait également Daniel Le Moigne, notre responsable du rucher de Marly le Roi, Jean-Yves Le Beuze notre responsable group achats, Bernard Chauvin notre trésorier, Etienne Calais notre véto très investi dans la lutte contre le frelon asiatique.

Dans le salon des exposants, trônaient de nombreux stands notamment nos fournisseurs apicoles comme Lerouge, Thomas… Nous avons beaucoup apprécié toutes ces rencontres et tous ces échanges autour de l’apiculture et les crêpes aussi !!! Ce fut l’occasion de découvrir la très jolie ville de Quimper quimper 43991 et de faire une petite escapade en bord de mer à l’Ile Tudy sous quelques embruns Bretons ! Prochain rendez-vous dans deux ans : je vous invite tous à y participer car c’est un magnifique voyage dans le monde des abeilles.

 

LES METHODES DE LA LUTTE CONTRE LE FRELON ASIATIQUE

Denis Thierry, directeur de recherche à l’INRAE :

 On compte parfois 12 à 16 nids par km2.

Quelques solutions proposées….
Une piste à creuser : On a constaté que des champignons entomopathogènes tuent 50% des frelons en 5 ou 8 jours.

En piégeant en fin d’été, on prive le nid à frelons et notamment les larves des reproductrices de leur principale source d’alimentation, la descendance est ainsi plus faible et les individus plus petits.

La harpe électrique tue 80 frelons en une journée, en 12 jours : 2870 vespas velutina tués. Inconvénients : il y a aussi des abeilles mortes dans les bacs à eau réceptacles.

Marco Porporato, chercheur à l’université de Turin :

Grâce à Vespa Emergency Team une lutte s’est exercée plutôt contre le frelon asiatique et grâce à des radars entomologiques, en capturant des frelons devant les ruches et en leur fixant une diode + antenne de cuivre, cela a permis de tracer les frelons retournant au nid et ainsi de retrouver les nids à une distance en moyenne de 786 m.

Suite à une coordination très efficace, 2205 nids ont été ainsi neutralisés et la vitesse de propagation a été réduite de 20 km/an à 2 km/an.

Dans les endroits de capture des fondatrices au printemps, les colonies d’abeille se sont mieux développées que les autres.

Des caméras thermiques ont aussi été utilisées.

Eric Darrouzet Chercheur sur le frelon asiatique et les  insectes sociaux, université de Tours :

Différentes techniques testées :

Thermo frelons en réchauffant le nid.

Piégeage à base de phéromones de femelles pour attirer les mâles
Ce qui engendre moins d’accouplements ou accouplements avec des frères, d’où une dépression de consanguinité, des futurs mâles diploïdes à descendance stérile. Et ça marche ! Des tests sur le terrain vont s’opérer jusqu’en 2023 et ce piège devrait alors voir enfin le jour.

Michel Le Boudec, apiculteur, président de l’ABSAP, propriétaire de 6 ruches dans le Morbihan :

Une association des maires des communes environnantes et une vingtaine d’apiculteurs s’est créée afin de sensibiliser et d’informer le public, de former des habitants volontaires au piégeage de printemps ( 2 à 3 journées de formation dédiée à la fabrication des nids, le mode et la période d’emplacement) - 200 personnes y participent chaque année - et de détruire les nids primaires et secondaires signalés.

Un piège est installé tous les 350 mètres sur chaque commune, le maillage est ajusté chaque année.

Impacts positifs :
Diminution du nombre de nids
en 2016 : 86 nids ont été détruits
en 2021 : 19 nids ont été détruits

Et ainsi le budget de la commune pour lutter contre le frelon diminue.

Une documentation de sensibilisation est éditée dans le journal de la commune et des graines mellifères sont distribuées aux habitants.

 

LE MARCHE DU MIEL FRANÇAIS DANS UN CONTEXTE MONDIAL

Robert Chlebo, professeur à l’université Slovaque d’agriculture, président de la commission Europe d’Apimondia :

Toutes les 3 minutes, des petits agriculteurs disparaissent en Slovaquie et il y a ainsi de plus en plus de gros agriculteurs. Ce qui n’est pas en faveur de l’apiculture.

La Slovaquie est le 2ème importateur du monde de miel vers l’Europe, le miel est vendu moins de 3 euros le kg. Mais les miels les moins chers viennent de Chine, Ukraine et Vietnam, miels souvent adultérés et les laboratoires ne sont pas en mesure de donner une image réelle de ces fraudes.

En principe les deux principaux importateurs vers l’Europe étaient la Chine et l’Ukraine mais en raison des conflits actuels, l’Amérique du sud s’est mise sur les rangs.

Nustriscore note D le miel par rapport au Nesquik qui est noté A ! On fait donc la promotion de miels industriels réalisés à partir de sirops élaborés en laboratoires, on libère les abeilles du joug des vilains apiculteurs et on garantit un miel sans produit chimique !

La Slovaquie a mis en place une notation selon le potentiel anti-bactérien.
A partir de 2011, du miel a été proposé dans les crèches pour apprendre aux petits enfants de plus d’un an à déguster les saveurs du vrai miel (attention au botulisme).
On garantit une origine géographique au consommateur et on inscrit une notation écologique des miels. Il y a même un code barre sur l’étiquette qui permet de voir apparaître le rucher d’où provient le miel.

Un représentant de la filière en Ukraine :

Pour six ruchers différents, 4 apiculteurs sont à la guerre.
L’Ukraine a représenté pendant longtemps le plus grand marché d’exportation vers la Russie désormais fermé.
Il y a de nombreux apiculteurs en Ukraine mais peu de chiffres précis (environ 400.000) qui sont surtout des amateurs qui ne souhaitent pas être répertoriés.

L’Ukraine exporte beaucoup : en 2020, année record : 61 millions de tonnes de miel.

Actuellement 15% du territoire est occupé où beaucoup de ruchers sont abandonnés, le reste du pays fonctionne presque normalement.

« Le miel au goût de guerre » :
Il y a eu une chute de la production de 15% à 30%.
Des ruchers ont été abandonnés ou détruits.
Des apiculteurs ont été appelés au front.
Des ruchers piégés : image d’un explosif à l’intérieur d’une ruche, entièrement propolisé, et donc neutralisé par les abeilles !

François Peyrac, Président de la coopérative France-Miel :
Dans l’Aveyron
En 2022, les gelées ont été tardives, d’où des miellées aussi tardives avec un peu de Colza mais très peu d’acacia. Beaucoup de miellat par contre.
En raison de la canicule estivale la saison des châtaigniers fut courte, une faible production de lavande et de tournesol. La moitié nord de la région a eu de meilleurs rendements.

Nous constatons des difficultés à avoir des productions régulières avec des aléas climatiques répétitifs.

Une coopérative de 150 adhérents et 50 salariés s’est créée où est proposée une grande variété de miels qui ont tous une traçabilité. Les prix y sont ajustés pour absorber les surcoûts d’emballage et de transports.

L’objectif de cette coopérative est de rassurer le consommateur sur la provenance des miels, d’opérer un travail pédagogique auprès du public et des scolaires et de faire la promotion de ce noble produit.

Christian PONS, président de l’UNAF :

Apiculteur dans l’Hérault, il forme à 5 apiculteurs une petite structure qui mutualise les ventes de miels et produits dérivés (pains d’épices, bonbons, nougats …) sans intermédiaire sur des marchés ou des foires. Ce groupement a des vertus pédagogiques : tous les postes de travail sont vitrés.

Philippe Le Duff, Le Manoir des Abeilles :

Basé à Dol et Pontorson en Bretagne. Il a également fondé un tel groupement pour valoriser le miel et ses dérivés, ils sont éleveurs d’essaims et de reines en abeille Noire, proposent des contrats aux apiculteurs membres sur plusieurs années à des prix fixes. Ils ont le label BIO.

Que Choisir, Alain Bazot Président UFC Que Choisir :
Le magasine a fréquemment des combats communs avec l’UNAF.

Le consommateur a besoin de transparence il est donc primordial de favoriser le caractère authentique (produit de terroir, non transformé) du miel qui est l’un des produits les plus fraudés (avec l’huile d’olive et le lait) dont 32% sont non conformes mais en fait c’est davantage car 40% révèlent des ajouts de sucres et ou d’origine fausse (Chine pour ne pas la citer !)
Nous devons développer une relation de confiance avec le consommateur. Le nutriscore, conçu comme un outil contre les aliments ultra-transformés n’est pas à rejeter. C’est une évidence, le miel est composé de sucres.
La législation européenne stipule que l’indication du pays est obligatoire sauf pour les miels en mélange qui mentionnent Europe ou hors Europe ! Il n’y avait donc aucun protectionnisme.
Mais le cadre légal en France a évolué depuis le 1er Juillet et le miel en mélange conditionné sur le territoire devra indiquer en détail son origine.

DANS LE CERVEAU DES ABEILLES

MARTIN GIURFA, CRCA Toulouse

abeille plancheenvolApis mellifera est un pollinisateur qui montre de la constance florale, elle reste fidèle à la même essence florale, elle est capable de mémoriser les couleurs, les odeurs, les formes et des centaines de vols de butinage l’aident à mémoriser .

Cet espèce est accessible à l’expérimentation car on peut les entraîner en leur donnant en récompense une petite goutte de sucre (passage dans un labyrinthe, faire telle ou telle tâche). C’est un animal très coopératif. Mais pas de pause pour le scientifique qui doit rester en observateur pendant un long temps de façon continue.

L’abeille fait partie des organismes dont on a toute une bibliothèque de gènes car on a séquencé son génome. 950 000 neurones pour l’abeille et 100 milliards pour l’homme, elle dispose d’un système simple mais pas rudimentaire et qui est capable de faire des choses formidables. Les abeilles apprennent et mémorisent mais peuvent-elles apprendre des concepts numériques ? Compter ? 1-2-3-4-5 et comment se représentent elles les nombres mentalement.

Quelles sont les bases neurales de la motivation alimentaires ? Qu’est ce qui les poussent à chercher de la nourriture ? Comment cette motivation affecte-t’ elle sa mémoire ? Y-a t’il quelque chose de particulier pour favoriser la formation de la mémoire ?

L’APPRENTISSAGE DES CONCEPTS CHEZ LES ABEILLES

Apprendre à résoudre des problèmes à partir de relations entre objet et environnement, capacité de faire abstraction des objets eux-mêmes pour extraire des relations (choisir tout ce qui est « plus grand que » ou « à droite de »)

C’est à dire, les abeilles sont elles capables d’abstraction ? Sont elles capables d’apprendre ?

Si on vous montre un objet : une bouteille par exemple puis on vous le retire, ensuite on vous montre deux objets au choix : d’un côté une bouteille et de l’autre une pointe laser, vous choisissez la bouteille, ensuite on vous la retire et on vous montre a nouveau la pointe laser et un microphone, vous choisissez alors la pointe laser. Ce qui est important c’est ce que je vois en premier (règle de relation)

Expérience, l’abeille va dans un labyrinthe en Y, à l’intérieur il y a un disque jaune avec un trou, il faut qu’elle choisisse le disque jaune pour avoir une récompense. 3 mn après elle est de retour et dans le même labyrinthe il n’y a plus de couleur jaune mais un disque couleur bleu avec un trou donc la règle a changé.

3 mn après elle va vers le labyrinthe, à l’entrée un disque de couleur jaune avec un trou, elle entre et à l’intérieur deux disques l’un a gauche de couleur jaune et l’autre à droite de couleur bleue, elle choisit le disque de couleur jaune qui induit une récompense et si lors d’une expérience suivante on change le disque à l’entrée et on place un disque bleu et qu’à l’intérieur il y a un disque jaune à droite et un disque bleu à gauche, elle va choisir le disque jaune qui lui garantie une récompense. La règle a changé.

On peut ainsi multiplier l’expérience en remplaçant les couleurs par des lignes verticales et horizontales, et nous aurons le même résultat.

Elles sont donc capables d’apprendre des relations conceptuelles d’équivalence

Et des Concepts de différence signifie choisir toujours le contraire, en dessous de /au dessus de, à droite de/à gauche de, plus petit que/plus grand que, 2 images différentes l’une au dessus de l’autre.

LES NOMBRES ET LEUR REPRESENTATION DANS L’ESPACE

Elles comptent !

Expérience : à l’entrée d’une boîte une carte comprend un rond et deux étoiles et à l’intérieur il y a une carte à gauche avec trois petits ronds et à droite une carte avec un gros rond et trois petites étoiles, elle va choisir les trois petits ronds car elle représente le même nombre.

Autre expérience : à l’entrée la carte représente un gros rond et 3 petites étoiles, à l’intérieur à gauche une carte avec un gros rond et trois petits ronds, à droite un gros rond et deux petits ronds, elle choisit l’image de droite. Car elle représente le même nombre.

Elles comptent jusqu’à 5, elles partent toujours d’un même endroit et elles y reviennent (comme pour la ruche)

LES ABEILLES ONT ELLES UNE LIGNE MENTALE NUMÉRIQUE ?

Lire les chiffres de gauche à droite était considéré comme purement culturel alors que des expériences ont montré sur des bébés de trois mois que cette ligne numérique apparaissait déjà.

Les abeilles savent aligner les nombres dans l’ordre dans le sens numérique comme l’homme de gauche à droite.

Nos hémisphères cérébraux sont latéralisés, l’un des hémisphères traite moins d’informations l’autre plus d’informations. L’hémisphère droit traite plus favorablement les quantités, les informations olfactives et visuelles)

MECANISME DE LA MOTIVATION APPETITIVE (alimentaire)

Pour l’homme, il y a des réseaux qui s’activent lors du système de l’appétence : la dopamine.

Chez l’abeille son cerveau est rempli de zone de réseaux de dopamine (partout des centaines de neurones en produisent).

Comment varient les niveaux de dopamine pendant le butinage ?

Expérience : on capture des abeilles au moment où elles sortent de leur ruche d’observation pour aller manger ou quand elles rentrent quand elles ont mangé et ramènent de la nourriture, ou au moment où elles effectuent leur danse. On peut quantifier au nano gramme près le niveau de dopamine (DA) par des appareils précis dans chaque situation.

A l’arrivée dans le nourrisseur éloigné la dopamine augmente
Lorsqu’elles se sont nourries la dopamine diminue
Lorsqu’elles dansent la dopamine augmente (elles revivent l’expérience vécue)
A la fin de la danse la dopamine diminue
Et sur les non butineuses il n’y a pas de dopamine.

Les attentes augmentent le niveau de dopamine.

Le blocage dans leur cerveau de la dopamine diminue la motivation alimentaire.

La FLUPHENASINE bloque les signaux pour inciter la dopamine. Et lorsqu’on en applique une goutte sur l’abeille cela diminue ses vols de butinage, elle n’a plus envie de sortir.

MOTIVATION ET MEMOIRE

L’apprentissage olfactif chez les abeilles. Elle a un reflexe inné d’extension du probocis au contact d’une solution sucrée, il y a extension réflexe de la langue.

Expérience : en choisissant des abeilles butineuses sur un nourrisseur (pas d’abeilles d’hiver ni pendant la période de prédation du frelon asiatique) on s’est aperçu qu’elle développe par rapport à cette source sucrée une mémoire à court terme (quelques minutes), une mémoire à moyen terme (quelques heures) et aussi une mémoire à long terme (plusieurs jours).
Ainsi on peut établir qu’avec une seule expérience de sucre, elle garde cette mémoire olfactive à vie à moins qu’il y ait une autre information olfactive entre temps.

On a remarqué la présence de PHOSPHOKINASE (PKA) molécule authentifiée dans son cerveau et libérée lors des opérations de mémoire à long terme. Ce niveau de PKA serait très important sur les butineuses en attente.

La répétition n’est pas nécessaire pour les abeilles pour induire la mémoire à long terme.

 

TABLE RONDE SUR LES PESTICIDES

Jean-Marc BONMATIN, CNRS Orléans

Ce qui empoisonne les abeilles nuit à la santé humaine.

Les bénéfices sont privés et les dommages publics

Depuis la mise sur le marché des pesticides, triste constat : 40% des insectes pollinisateurs sont en voie d’extinction !
La situation pour la biodiversité en générale est malheureusement similaire : insectes, invertébrés aquatiques, amphibiens, oiseaux, reptiles disparaissent, ce sont des effets en cascades. Nous perdons 3,5% d’oiseaux par an. Ils touchent en priorité les invertébrés, base de la chaine alimentaire.

Les fameux néonicotinoïdes, souvent couplés avec des fongicides qui les rendent encore plus dévastateurs remontent dans toute la plante, pollen et nectar sont ainsi contaminés.

Chez L’abeille exposée par petites doses, on ne décèle rien pendant les premières 24 heures (base utilisée pour les expériences). Après 24 heures, on constate 50% de mortalité.

Les effets dévastateurs touchent aussi nos abeilles sauvages mais les réactions varient en fonction des espèces et des expositions (sol, feuilles pour la construction du nid..). Mais dans tous les cas cela perturbe la reproduction, la croissance des nids, l’activité, la locomotion et on constate des retards d’éclosion.

En ce qui concerne l’homme, il faut savoir que 97% de notre nourriture contiennent un néonicotinoïde et 42 dépassent les limites légales autorisées.

Ces produits passent la barrière placentaire (la première urine du nourrissons a été analysée). Des conséquences préoccupantes ont été observées : faible poids, développement anormal…

Ils agissent aussi sur la Mitochondrie, ils bloquent le cycle normal de la cellule et les substances qui s’accumulent favorisent les cancers.

16 laboratoires travaillent sur ces sujets.

Un logiciel libre a été mis en place destiné aux agriculteurs qui répertorie toutes les molécules de chacun des pesticides utilisés. Ainsi quand l’agriculteur rentre le nom de son produit une échelle de molécules apparaît en fonction des risques pour les abeilles. Il pourra orienter son choix vers un produit tout aussi efficace mais moins nocif pour nos abeilles.

En conclusion : il faut mieux évaluer et choisir les pesticides et surtout favoriser les alternatives agronomiques aux pesticides.

Un exemple édifiant en Grèce

Une expérience a été réalisée concernant les produits chimiques utilisés pour lutter contre la mouche de l’olivier laquelle fait des ravages sur les cultures.
La Grèce dispose de grande quantité d’oliviers et les abeilles, même si elles ne sont pas attirées par les fleurs d’olivier, apprécient leur ombre et lèchent leurs feuilles car on a trouvé des résidus d’huile dans l’organisme des abeilles et bourdons. Or, ces résidus dépassent les 50 doses létales parfois dix fois plus.

La question a donc été de savoir si les abeilles étaient attirées par ces produits appelés Bulldock, Imidan, Karate …

Lorsqu’on applique de fortes doses de produits, on constate que toutes les abeilles en contact sont mortes dans les 24 heures. Avec une toute petite dose de ces produits et au premier contact deux heures après seulement quelques-unes meurent, par contre après 24 heures elles sont toutes mortes.

L’effet est donc tardif (après 24 heures) et il suffit d’une dose infime pour provoquer une mortalité générale. Dès la première dose en contact avec l’abeille celle-ci est condamnée. Donc non seulement ces produits sont très toxiques mais leur formulation est très attirante pour les abeilles.

Les effets avant mortalité sont les suivants : problèmes respiratoires, répercutions néfastes sur leurs glandes, sur leurs tailles, les corps gras, la survie de la reine, le sens de l’orientation, la perte de spermatozoïdes, la température de leurs corps, la qualité de la gelée royale, les problèmes de cognition.

BOULEVERSEMENT CLIMATIQUE, BIODIVERSITE et APICULTURE

Marc Dufumier, agronome, docteur en géographie, ancien enseignant-chercheur à AgroParisTech

Le glyphosate est un cancérigène avéré. On estime que les enfants d’aujourd’hui qui mangent une nourriture issue de l’agriculture conventionnelle auront dans leur futur une diminution de dix années dans leur espérance de vie.

Il est grand temps de se tourner vers une alimentation équilibrée, de grande qualité nutritionnelle, sanitaire et gustative, tout en assurant un revenu décent ou un complément de revenu à nos agriculteurs qui nous nourrissent.
Tout ceci sans pollution majeure, ni dommage pour notre cadre vie et sans préjudice pour les générations futures.

 LE CONTEXTE

En raison du réchauffement climatique global, il va s’en suivre une nécessaire adaptation des agriculteurs, qui devront s’orienter vers une diversification de leurs activités et cultures.

Fréquence et intensité accrue des accidents climatiques.Extension des villes sur les terres agricoles Conflit de l’eau

Raréfaction des ressources (gaz nature, énergies fossiles, phosphate..) et accroissement de leur coût.

Vous avez encore le moral ?

……IL Y A DES SOLUTIONS

L’AGROECOLOGIE

Qui va être une forme d’agriculture alternative en faisant les plus grand usage possible de l’énergie solaire et du carbone de l’air.
Il n’est plus envisageable qu’un seul rayon de soleil ne tombe directement à terre, il faut remettre un couvert végétal sur nos sols et ainsi favoriser une grande diversité de plantations, ce qui entre autre atténue considérablement le taux de dioxyde de carbone présent dans l’air.

Dans un contexte normal, le gaz carbonique est absorbé par la plante, la plante transpire, mais si celle-ci manque d’eau, elle ne transpire plus, elle ferme ses orifices stomates pour se préserver et garder le maximum d’eau et donc elle accueille moins de carbone. La photosynthèse s’arrête.

L’eau est une ressource indispensable, il faut donc mettre en place des solutions pour par exemple empêcher le ruissellement en plantant des haies, en reconstituant des couvertures végétales.

Il faut éviter le labour, qui libère trop de carbone dans l’air et rejette nos précieux vers de terre à la surface du sol alors que sous terre ils nous rendent un grand service : ils rendent le sol poreux.

Il y a lieu également de favoriser la fixation de l’azote de l’air en plantant des légumineuses dans nos rotations et nos assolements. La terre doit avoir une bonne proportion carbone/azote.

En agriculture intensive, on est obligé de faire des apports coûteux d’engrais phosphaté de synthèse fabriqué en Allemagne avec le gaz Russe !

Alors qu’il suffirait de faire des semis de légumineuses comme le trèfle, le sainfoin, le lupin, la féverole … entre deux cultures de Colza et Tournesol par exemple. Cette action fertiliserait le sol en azote pour les futures cultures.

Il faut également réconcilier l’agriculture et l’élevage, reconstituer l’humus des sols, chercher des éléments minéraux en profondeur et les restituer à la surface ce que la nature fait très bien naturellement par la présence d’arbres, leurs racines abritent un champignons le michorizium (ou communément micorizien ) qui grâce à ses longs filaments va chercher très profondément les éléments minéraux qu’il restitue à l’arbre. L’arbre en échange lui apporte des sucres et autres nutriments. Et tout cela enrichit la terre environnante.

Les haies doivent être replantées car elles abritent toute une biodiversité favorable à nos cultures. Par exemple, l’insecte piqueur suceur qui est un ravageur, lorsqu’il fait un trou dans une feuille, la feuille libère un gaz qui attire les coccinelles qui à leur tour mangent l’insecte néfaste. Encore faut il que la coccinelle ait un habitat qu’elle trouve dans les haies proches.

Les poules sous les pommiers mangent les larves de carpocapse….. et les exemples sont nombreux.

QUELQUES POINTS CLEFS POUR FAIRE FACE AUX EVENEMENTS CLIMATIQUES

Etienne Bruneau, ingénieur agronome.
Un constat alarmant : La température augmente d’année en année et plus on se situe au Nord, plus il fait chaud !

Et il faut savoir qu’une colonie d’abeilles est plus adaptée pour réchauffer une grappe que pour refroidir sa ruche. Notamment lorsque les températures extérieures atteignent les 35 degrés voir plus, l’abeille va mal. Sa température extérieure idéale avoisine les 25 degrés.

Cette montée des températures favorise les incendies.

Un programme suit l’ensemble des sécheresses et anomalies de températures : Copernicus.

Autre aspect inquiétant est l’intensité des précipitations exceptionnelles, il n’y a plus aucune régularité d’une année à l’autre. Cette année, il y a eu 7 mois sans précipitation en Espagne ! des incendies de forêts en Espagne, Italie, mais aussi Irlande, Ecosse, Adriatique.
Intéressant d’ajouter certains graphiques ?

Et selon la NASA, le phénomène va s’intensifier.

On observe des modifications de floraisons : retard ou avancée de la végétation, des diminutions du volume de nectar et la plante ne produit plus. L’acacia ne donne plus dans certaines zones.

L’augmentation des températures joue également sur la viscosité du nectar qui n’est alors pas toujours prélevable par les abeilles. La caféine, un des composant de la plante et aussi un répulsif pour les abeilles, a tendance à augmenter.

La quantité de pollen diminue et il y a des modifications dans sa composition. Le nectar et le miellat se raréfient aussi. Ce qui occasionne un stress alimentaire pour l’abeille.

Le cycle des abeilles est ainsi gravement perturbé, et notamment pendant de longues périodes chaudes et sèches, on note des ruptures de pontes. Impacts sur la prolificité des reines, la viabilité du couvain.

La force de la colonie et sa capacité d’hivernage en sont affectées.
Le refroidissement de la colonie de 1°nécessite 1.4 x plus de travail que sa montée en température de 1°
Des abeilles d’âges intermédiaires sont affectées à la récolte de l’eau.
Le varroa profite de leur faiblesse pour proliférer.

La production de miel augmente dans le Nord, et dans le Centre et le Sud il y a juste une augmentation de 20% mais celle-ci est directement liée à l’augmentation de colonies et non à la production de miel.

QUE FAIRE ?

Améliorer l’isolation de nos ruches au niveau du toit notamment, mais celui-ci doit aussi être suffisamment ventilé, les planchers doivent être ouverts.

Il faut aider les abeilles à réduire leurs efforts au maximum.

Accueil rucherLes ruches doivent être protégées du soleil et à proximité d’une source d’eau (moins de 500m) dans un endroit sans risque d’inondation, ni d’incendie, facile d’accès. Il faut prévoir des ruchers dans différents environnements, et des ruchettes pour renforcer le cheptel. Et ouvrir le moins possible les ruches pour ne pas occasionner de stress supplémentaire à nos abeilles. Ne pas retirer la propolis qui est le médicament de la ruche et lutte contre de nombreux agents pathogènes.
Sélectionner les colonies les plus résilientes et réactives aux changements climatiques.
Faire des colonies artificielles de remplacement, faire de l’élevage.
De plus, il faut oublier le calendrier traditionnel de l’apiculteur et adapter nos actions en fonctions des différents aléas et ceci avec une grande réactivité.

Bien sûr, la qualité de leur alimentation est primordiale pour leur bon état de santé, le sirop ne remplacera jamais les nombreuses sources de nectar qui composent leur bon miel, en plus ledit sirop leur fait dépenser une énergie folle pour le transformer.

Apis mellifera est malgré tout très adaptée à la gestion du changement climatique puisqu’elle elle est présente depuis 100 millions d’années et elle est sans doute mieux armée que bien d’autres insectes sur terre mais elle demeure plus en danger que jamais face aux modifications trop rapides de son environnement.

Le défi que devra relever les apiculteurs que nous sommes est colossal mais comme on dit « l’union fait la force » et ce Congrès à Quimper l’a bien montré. Notre avenir et celui de nos abeilles doit se construire sur les bases solides d’une grande collaboration et l’apiculture de demain devra sans cesse s’adapter aux grands désordres qui règneront sur notre planète.

Un grand MERCI à tous ces brillants intervenants au Congrès de Quimper qui nous ont permis d’ouvrir grands les yeux sur des sujets très sensibles et variés et ont renforcé plus que jamais nos convictions et nos passions en ce qui concerne cet insecte si petit par la taille mais si grand pour notre devenir !

Merci aux avocats, aux élus qui se battent au quotidien pour faire appliquer des mesures qui sauvent quantité d’abeilles et orientent les hommes vers des chemins plus sains et plus vertueux.

Compte-rendu de Véronique Tabel qui a de temps en temps tourné sa plume avec un peu de liberté mais toujours au plus près de ce qui fait bourdonner nos oreilles !

 

 

L’UNAF, le SNA et Terre d’abeilles interpellent le Ministère de l’agriculture au sujet de la liste des cultures non attractives pour les abeilles

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Paris, le 16 mars 2022

Hausse prix des carburants
L’UNAF en appelle au gouvernement pour soutenir la production et la filière apicole française

Depuis des décennies, les apiculteurs déplacent leurs ruches en fonction des miellées.
Cette pratique s’est amplement développée ces dernières années pour plusieurs raisons. Elle a notamment permis :
- De maintenir la production française et surtout de diversifier les miels afin de mieux répondre aux attentes des consommateurs.
- D’amoindrir l’impact du bouleversement climatique sur les exploitations.
C’est dire si la transhumance est devenue indispensable pour de nombreuses exploitations apicoles. Avec la hausse considérable des prix des carburants, les apiculteurs vont éprouver cette année de très grandes difficultés à supporter cette charge supplémentaire, et la viabilité de nombreuses exploitations sera dès lors amplement remise en cause.
Cette crise pourrait aussi bien contribuer à la diminution de la production française, à cause de frais trop élevés rendant les transhumances difficiles voire impossible ; et à l’augmentation des prix de vente du miel dans les mêmes proportions.
Nos collègues slovènes ont sollicité une aide exceptionnelle des pouvoirs publics et ont obtenu une subvention de 5 euros par ruche. C’est une mesure simple et efficace.
Au nom de l’Union Nationale de l’Apiculture Française qui représente aujourd’hui plus de 20 000 adhérents et une très grande part des apiculteurs professionnels, nous demandons aux ministres de l’agriculture et de l’économie d’adopter une mesure similaire afin de soutenir les apiculteurs français, consolider la filière et garantir la production de miels de qualité et diversifiés.
Signataires :
UNION NATIONALE DE L’APICULTURE FRANÇAISE